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28 mars 2009

Se méfier des cadeaux du gouvernement

  •     Analyse de Marie-Albane de Suremain, professeur-formateur à l’IUFM de Créteil


je pense qu'il faut être extrêmement méfiant et vigilant
vis-à-vis de ce qui relève de dispositions transitoires et qui sont clairement un cheval de Troie de la masterisation, avant qu'il y ait eu une véritable concertation et élaboration collégiale d'une mastérisation plus cohérente.

Le gouvernement est particulièrement habile à souffler le chaud et le froid et à faire miroiter des avantages aux uns puis aux autres avant de revenir aux uns.
Les inscriptions en master pour la rentrée 2009 sont une manière de s'engager dans le processus de mastérisation sans savoir du tout où nous allons, d'autant que les concours sont maintenus dans leur forme actuelle pour un an seulement.

Le joli ruban masque mal un paquet toujours identique : une masterisation pudding, un salmigondis qui ne permet pas de construire une formation cohérente, ni disciplinaire, ni professionnelle, ni en termes de recherche.

Par ailleurs, il y a à la clé un dispositif de stages de 108 h max. dès l'année prochaine, qu'un étudiant qui hiérarchise ses priorités ne suivra pas ou très peu s'il passe un concours. Il sera ensuite en service lourd dès sa rentrée puisqu'il n'est pas question pour l'instant de maintenir l'année de véritable stage au-delà de la promotion des lauréats 2009.
Les étudiants vont se trouver inscrits dans des formations bricolées sur des coins de table : des maquettes de master revues en toute hâte parce que les concours sont maintenues à l'identique l'année prochaine, ou des parcours dans des masters déjà existant, fabriqués aussi dans la plus grande précipitation. Et ce sera la course effrénée à qui récupérera le plus grand flux d'étudiants et sans aucun doute la guerre entre les IUFM et les UFR, la guerre entre les universités (en particulier celle qui ont intégré un IUFM et les autres).
Bref, tout le monde y laissera de grands morceaux de chemise et les efforts faits depuis le début de l'année pour ne pas tomber dans ce genre d'affrontements seront ruinés, le ministère aura gagné car il n'y aura plus de front commun pour exiger et obtenir la satisfaction de nos revendications dans leur ensemble.

Bref, nous ne sommes pas sortis de la précipitation et de la confusion, et des pressions d'un gouvernement qui souhaite faire passer en douce, ou plutôt en force sa réforme. Dans une certaine mesure on a l'impression de retourner au mois d'octobre, tout cela parce qu'une mesure TRANSITOIRE, le maintien des concours pour un an, ferait baisser la garde et envisager des aubaines selon des schémas différents localement, sans réel cadrage national.

Comme cela a été indiqué par de nombreuses personnes, il paraît plus que jamais nécessaire de continuer à exiger pour la session 2009-2010 un véritable maintien des concours dans leur forme actuelle, c'est-à-dire conditions d'inscriptions (pas de master précaire à la clé, et pour lors tout ce que nous avons à nous mettre sous la dent ce sont des chimères de masters), préparations, calendrier des concours et réelle année de stage de formation en alternance, consécutive à la réussite au concours.
N'est-il pas possible, ENSUITE, au terme de ces deux ans de donner une équivalence de master à cette promotion, afin qu'elle ne soit pas lésée ? Des dispositifs pour attribuer des équivalences d'une année de master ont bien été créés pour la promo concours 2009, sans que celle-ci soit inscrite dans un quelconque master à aucun moment.

  • Analyse de André OUZOULIAS, professeur-formateur à l’IUFM de Versailles

Il est clair que le gouvernement manœuvre en recul, mais les inquiétudes de Marie-Albane sont fondées : Xavier Darcos nous laisse des bombes à retardement.

Nous demandions le maintien des concours dans leur forme actuelle en 2010. Nous l'avons obtenu. Nous demandions l'inscription des étudiants licenciés aux formations actuelles PE1, PLC1, etc. Nous venons de l'obtenir.
Nous demandions l'ouverture immédiate des inscriptions dans les IUFM. Nous venons d'obtenir un feu vert officiel.
Il est donc exact que le gouvernement, en quelques jours, vient de céder à ces trois demandes auxquelles il était resté sourd jusque-là.
Il faut y voir une réponse au rapport de forces qui a été créé ces derniers mois dans les Universités et parmi les personnels impliqués dans la formation des enseignants.

Mais en ouvrant les inscriptions en M1 dans les UFR et en reconnaissant l'année d'IUFM comme M1, le gouvernement tente de lancer le processus de mastérisation de la formation. Or, il le fait sans en préciser le contenu.

Quid des stages en M1 et M2 (nombre, nature, durée, encadrement) ? Quid des concours (nature et date des épreuves) ?
Quid de l'année dite de stage après le concours (valeur de l'allégement de service, dispositif d'accompagnement, nature des formations et encadrement, forme de la certification) ?
Quid du devenir des IUFM, des personnels et des sites ?
Quid de l'utilisation de leurs compétences pour la formation professionnelle et la recherche et de la structuration nécessaire des coopérations interuniversitaires… ?
Quid de l'importance de la revalorisation des salaires des enseignants ? Etc.

Les IUFM seraient particulièrement fragilisés : les étudiants visant PLC s'inscriraient en M1 dans leur UFR, mais ils y resteraient naturellement en M2. De la sorte, on aboutirait à réserver les IUFM aux formations PE, PLP et CPE et l'on institutionnaliserait la coupure entre premier et second degré. Les responsables des fédérations syndicales sont-ils bien conscients de ce risque pour l'unité des enseignants.

Nous ne pouvons accepter le marché qui nous est proposé : vous avez vos PE1 ou PLC1 en septembre 2009, taisez-vous maintenant et laissez- moi concevoir leur formation. Ce serait signer un blanc-seing…

De plus, pour les étudiants, ces annonces soulèvent beaucoup de questions :
sur quels critères serait attribuée la reconnaissance de l'année de M1 ?
Les étudiants inscrits en IUFM en septembre 2009 auraient-ils la possibilité de poursuivre en M2 en IUFM ? Dans quel master ? Et avec quelle articulation entre M1 et M2 ?
Que se passerait-il pour ceux qui réussiraient le concours et n'auraient pas ou pas encore leur M2 ?
Et les lauréats qui se seraient inscrits comme candidats "libres" (cette catégorie est fortement représentée dans les concours actuels), seraient-ils mis directement sur le terrain pour leur année de "stage" ? Etc.

Enfin, si les universitaires des UFR et des IUFM participaient à ce processus, ils se jetteraient dans une concurrence cannibale qu'ils ont pourtant rejetée jusqu'ici avec force et dignité en refusant de
se faire traders à la Bourse des masters !

Après tant de mois d'actions, si nous nous prenions à embellir les concessions annoncées, nous pourrions demain nous retrouver dans cette situation paradoxale de devoir dire : le gouvernement a reculé mais il nous a vaincus !

Pour un enjeu de cette importance, la FDE, ne soyons pas avares de précautions.
Depuis le 31 janvier et le 7 mars, notre demande est claire : encore un effort, M. Darcos, il faut retarder d'un an la mise en œuvre de la réforme de la formation et ouvrir sans plus attendre la réflexion sur le recrutement et les concours, à travers la préparation soigneuse d'Assises Nationales commençant de façon décentralisée dans les UFR et les IUFM, puis dans des assemblées académiques. C'est ce que propose la CDIUFM, affirmant qu'il n'y a pas de raison de se précipiter. Soutenons cette proposition.

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Commentaires
L
Je voudrais, en me faisant l'écho des nos débats à<br /> Dijon, faire cette remarque : la réforme des masters n'est pas repoussée d'un an. Il y a là un piège dans lequel nous risquons de nous trouver pris si nous le pensons. Si l'on en croit les dernières informations distillées ça et là quant au maintien du concours et de sa préparation dans leur forme actuelle, l'année prochaine reste inscrite dans le cadre d'un dispositif de transition vers la mise en place définitive du master en 2010-2011. Si nous en restons à ce qui se profile, nous aurions à la rentrée prochaine divers cas de figure : des étudiants titulaires d'une licence qui s'inscriront en IUFM pour une année de préparation aux concours, avec la perspective de valider cela comme un M1 (par<br /> convention ou équivalence), des étudiants qui s'inscriront dans les M1 qui existent déjà, mais qui prépareront les concours, et surtout, des universités qui auront mis en place des masters enseignement où les étudiants s'inscriront. Les éléments dont nous disposons à l'heure actuelle ne l'interdisent pas. Dès lors, plus rien n'empêchera la généralisation, l'année suivante, de l'ensemble du dispositif à toutes les universités. De plus, les étudiants qui auront réussi le concours devront, on peut le penser, valider tout de même un M2. Si nous entrons dans cet engrenage, le piège se refermera sur nous. <br /> Il faut refuser cette logique, et obtenir le maintien de l'ensemble du dispositif actuel (année de préparation en l'état, concours maintenus dans leur forme actuelle ET année de stage comme fonctionnaire stagiaire à la rentrée<br /> 2010) : seul le retrait pur et simple empêchera la machine à master de se mettre à fonctionner inexorablement, d'une manière que nous ne pourrons plus contrer.<br /> <br /> Bien à vous<br /> Jean-Luc Martine<br /> MCF littérature française
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  • Blog créé lors de la mobilisation contre la reforme de la formation et du recrutement des enseignants (mastérisation), et toujours d'actualité. Non à la casse du service public de l'éducation du primaire à l'université! CONVERGENCE DES LUTTES.
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