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15 février 2012

Nouvelles du PRES : Le Museum d’histoire naturelle en danger

imgresAprès la vente des entreprises publiques au privé (qui n’a rien changé du tout, au contraire, à la débâcle des finances publiques), le pouvoir en place s’attaque au patrimoine avec une rapidité inouïe. Même aux heures les plus sombres de l’histoire, on n’avait pas envisagé un tel chaos.

Le Muséum d’Histoire Naturelle est une des victimes de cette politique stupide qui n’arrange rien dans le présent et ampute l’avenir.

Musée, mais aussi institution de recherche de renommée mondiale, reconnu universellement pour son expertise dans divers domaines scientifiques, le Muséum National d’Histoire Naturelle se voit aujourd’hui triplement menacé : difficultés pour poursuivre ses missions de conservation, de recherche et de pédagogie vis-à-vis du grand public à cause de l’insuffisance de moyens, spoliation de son patrimoine foncier, non renouvellement des équipes. Fondé par un décret de la Convention nationale en 1793 pour des missions d’enseignement, le Muséum national d’histoire naturelle est une institution bien connue du public et des touristes étrangers pour ses collections permanentes, notamment la Grande galerie de l’évolution et le zoo, et ses expositions. Le Jardin des plantes, fondé en 1635 est un lieu de promenade et de convivialité cher à tous. C’est le lieu historique de découvertes fondamentales (Buffon, Cuvier, Laplace…) notamment pour la théorie de l’évolution : c’est donc un lieu symbolique. Mais le Muséum est aussi en  charge de collections uniques et de nombreux spécimens en réserve, qui représentent environ cent fois ceux exposés, et constituent une mine d’informations pour les chercheurs sur la biodiversité mondiale, et son évolution depuis les débuts de la vie. 450 chercheurs travaillent au sein de cette institution de recherche de renommée mondiale, qui accueille en outre des étudiants en 2ème et 3ème cycles universitaires.

Pourtant de nombreux bâtiments du site sont aujourd’hui dans un état ne permettant pas l’accueil des visiteurs ou le travail des personnels, pas plus que la conservation des nombreuses collections en réserve.  Ainsi le bâtiment de paléontologie, construit sur un sous-sol instable, s’affaisse au risque de s’effondrer. En 2005, l’injection de mousse polyuréthane pour combler des fissures béantes a été largement insuffisante pour régler le problème et un arrêté préfectoral préconise la fermeture du bâtiment au public début 2010. En outre, les collections fragiles, aujourd’hui stockées au sous-sol de ce département, nécessiteraient un déménagement unique vers une réserve suffisamment protégée de l’humidité et des crues de la Seine.

Des chantiers ont été lancés dans les années 2000 pour tenter de répondre à ces problèmes et réduire la densité des services sur les sites du 5e arrondissement : Les collections du Musée de l’Homme devaient être rapatriées au Palais de Chaillot dès 2012. Le démarrage du chantier du Zoo de Vincennes est aujourd’hui remis en cause par un avis de la Commission consultative du Vieux Paris demandant le classement d’éléments architecturaux devant être détruits. Le chantier de rénovation des bâtiments de l’herbier a pris un retard considérable dès son démarrage. Tous ces projets sont aujourd’hui ralentis voire à l’arrêt faute de financements suffisants.

Dans ce contexte difficile, le rapport Larrouturou sur l’immobilier universitaire remis le 10 février 2010 prévoit, sans concertation avec les personnels, l’utilisation de terrains affectés au Muséum dans le 5e, entre les rues Buffon et Poliveau, sous prétexte de relocaliser une partie des activités de l’université Paris 3 (bibliothèque, bureaux et amphis). L’objectif serait la centralisation du campus de Paris 3, aujourd’hui dispersé sur 8 sites dont certains en banlieue parisienne. De plus, les activités du bâtiment de la rue de Censier, qui doit être désamianté, devraient être déplacées provisoirement sur le site du Muséum .D’autres solutions sont envisageables et plus commodes ; accueil sur le campus de Jussieu qui dispose pourtant de locaux lui ayant permis d’héberger Paris VI et Paris VII, accueil dans les bâtiments de l’Institut national d’agronomie tout proche qui doit déménager. Les personnels de Paris 3 s’inquiètent en outre du risque de vente du site de Censier car le désamiantage exigera la démolition du bâtiment et libèrera donc le terrain alors que les services auraient été opportunément relogés sur l’îlot Poliveau. Les personnels du Muséum s’inquiètent d’autant plus qu’ils ont vécu il y a peu la création du Musée du Quai Branly qui a abouti au démantèlement des collections du Musée de l’homme et que les menaces sur le Zoo de Vincennes les concernent également.

Ce projet prévoit la destruction de 9 800 m2 de surface aujourd’hui utilisée sous forme de bureaux et laboratoires par le Muséum et supprime tous les espaces encore constructibles de la zone. Certains de ces  bâtiments contiennent des éléments classés (charpente métallique de l’ancienne orangerie devenue réfectoire), d’autres viennent à peine d’être construits. Avant 2020, 7 000 m2 seulement seront alloués au Muséum sur les bâtiments construits. En outre, les 10 800 m2 du bâtiment où sera relogé Censier et qui devraient être à terme restitués au Muséum seront des bâtiments de cours inadaptés pour accueillir des  laboratoires et devront être réaménagés en 2020. Les compensations envisagées impliquent des travaux qui défigureront la roseraie pour mettre en place une réserve de 3 000 m2 seulement, là où Hervé Lelièvre, responsable scientifique de la collection de paléontologie estime que 25 000 m2 seraient nécessaires1. Aucune solution n’est donc apportée au problème urgent des collections de paléontologie. Pourtant l’espace nécessaire serait disponible sur le site du 5e arrondissement.

Le projet du Ministère, tel qu’il a été présenté sans la moindre concertation aux chercheurs et autres personnels travaillant actuellement sur le site, ne prend manifestement pas en compte les besoins spécifiques des laboratoires et du jardin. Aucune solution spécifique de locaux « tampons » n’est ainsi proposée pour les collections de géologie, l’atelier de taxidermie ou le laboratoire de chimie, alors que des garanties de sécurité, notamment un système efficace de ventilation, sont absolument nécessaires. Les coûts et implications des déménagements des collections, souvent fragiles (celles de paléontologie ne devraient être déplacées qu’une seule fois, vers leurs locaux définitifs), et du matériel lourd (appareils d’imagerie par exemple) n’ont pas été réellement étudiés. Plusieurs collections sont menacées de délocalisation en banlieue, alors que le maintien sur un site unique des départements de recherche et de leurs collections est indispensable au travail de haut niveau et de rayonnement international du Muséum. Il est prévu que la pépinière du jardin, aujourd’hui sur site, soit délocalisée à 22 km de là, dans l’arboretum de Chèvreloup (Yvelines), sans aucun chiffrage des coûts supplémentaires et des contraintes liées au transport des plantes et du personnel entre les deux sites.

Par ailleurs, le site est situé sur un sous-sol instable, miné de cavités (passage de la Bièvre notamment). La hauteur du bâtiment accueillant aujourd’hui les collections du Musée de l’Homme avait dû être limitée à deux étages au lieu de trois prévus, pour éviter son affaissement. À proximité, le projet de Paris 3 prévoit de construire un immeuble de six étages, sans prévoir de fondations adaptées. Outre la gêne que constituerait le vis-à-vis d’un bâtiment d’une telle hauteur pour les habitants des immeubles voisins, les conséquences d’un tel surpoids pour la stabilité les immeubles adjacents pourraient être dramatiques et n’ont pas été étudiées.

Le plan proposé, alors que les embauches de personnel sont elles aussi au point mort, est symptomatique du genre d’intérêt que porte le gouvernement à cette institution phare de la recherche sur la biodiversité et sa conservation. Comme l’explique Christian Milet, élu FSU au Conseil d’administration, en attribuant toutes les surfaces constructibles à Paris-3, ce projet signe l’abandon de toute ambition réelle pour le Muséum national.Il s’agit aussi d’une attaque en règle contre un patrimoine immobilier public convoité par les spéculateurs immobiliers (comme c’est le cas aussi pour l’Institut Agronomique, la Mutualité, l’Hôtel-Dieu et la Salpêtrière). Pourtant la préservation d’une telle institution publique de sensibilisation, de recherche et d’enseignement est indispensable dans une République consciente de ses responsabilités vis-à-vis des générations futures dans la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Elle est un outil précieux d’éducation et de sensibilisation auprès des scolaires et du grand public. Cet héritage révolutionnaire ne peut être dilapidé au profit d’une vision à court terme qui s’accompagne de mesures d’affichage qui ne sont que du semblant.

Parti de Gauche 75 – Comité 5-6-7

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Commentaires
C
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