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ESPE PARIS MOBILISÉ
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15 février 2012

Construisons ensemble le Front de Gauche de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Capture d’écran 2012-02-15 à 18Engagé-e-s dans le Front de Gauche, travailleurs scientifiques de toutes les catégories professionnelles, acteurs de tous les champs disciplinaires, nous voulons construire un large rassemblement autour de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cela suppose votre contribution et votre engagement.
Comme vous, nous sommes scandalisé(e)s par le déferlement des contre-réformes qui se sont abattues au pas de charge sur l’enseignement supérieur et la recherche durant  le mandat de Nicolas Sarkozy.

Le service public national de l’enseignement supérieur et de la recherche doit faire face à de nouveaux défis sociaux et environnementaux; les relever suppose de permettre à l’ensemble des citoyennes et citoyens, par la formation initiale ou permanente, d’accéder au plus haut niveau de la connaissance.

Cela suppose aussi la coopération la plus large entre potentiels nationaux, européens et mondiaux. C’est ainsi que le printemps arabe met au premier plan des urgences la coopération universitaire, scientifique  et technologique avec les pays du Sud, en lieu et place de ventes d’armes ou de modèles de formation clefs en main.
Devant la crise écologique, résultat d’un système boulimique de profits et prédateur des ressources naturelles, il faut choisir des trajectoires nouvelles en matière énergétique et environnementale comme des choix nouveaux relatifs à un  mode de production devenu insoutenable. Après Durban, chaque pays est mis en demeure d’agir contre le désastre du réchauffement climatique. L’enseignement supérieur et la recherche doivent y apporter leur contribution.
Nous voulons contribuer à créer les conditions de l’épanouissement des capacités créatrices de chacun en construisant d’autres référentiels que ceux des modèles productivistes prévalant jusqu’à aujourd’hui.  Cela suppose un fort développement démocratique de productions et d’ingénieries industrielles, technologiques, écologiques et organisationnelles en interaction avec la recherche, où prévale la logique de service public.
Le droit de tous à pouvoir intervenir sur les choix de stratégies scientifiques, en s’appuyant sur la connaissance documentée et partagée des enjeux techniques, industriels et socio-environnementaux doit être inscrit dans la constitution et garanti  par des instances appropriées.
La politique de N Sarkozy tourne le dos à cette vision d’avenir.
Jamais  le potentiel universitaire n’a été ainsi saccagé sous le prétexte mystificateur d’une « excellence » qui n’avoue pas ses véritables critères.
Jamais les organismes de recherche publique, n’ont subi de tels assauts. En tant que grand organisme public de recherche généraliste, le CNRS, est le symbole de cet attentat au potentiel de recherche publique.
Avec cette politique, l’asservissement à l’économie libérale, aux grands groupes et à leurs actionnaires est devenue la règle ; jamais  l’indépendance intellectuelle des métiers de la recherche n’avait été autant compromise. La connaissance n’est pas une marchandise.
Pas davantage que vous, nous n’acceptons  que nos métiers soient livrés aux affairistes ; pas davantage que vous, nous n’acceptons le credo de la précarisation, la xénophobie, la démocratie mise au pas, les  régressions des droits des femmes déjà trop fragiles et timides, l’évaluation par les pairs saccagée et mise à la sauce des agences de notation, une collégialité raturée.
Nous le proclamons  avec vous : la logique managériale ne peut être le mode d’existence de l’enseignement supérieur et de la recherche ; avec elle, nos métiers perdent tout sens, nous ne l’acceptons pas.
Mais ce déferlement   n’est pas isolé ; il puise ses fondements dans les dogmes et prophéties auto réalisatrices des Traité de Lisbonne, dans la stratégie de Bologne, et autres dogmes de l’OMC… De tout cela, nous pouvons, nous devons sortir.
Aujourd’hui, vous en faites le constat comme nous : les choix politiques mis en œuvre ont apporté partout colère et révolte mais aussi démoralisation, temps perdu, gâchis de compétences et aliénation.
Pour le Front de Gauche, une rupture avec cette politique de mise en concurrence de tous contre tous est vitale. C’est la condition de la mise en œuvre d’une autre politique
Nous faisons nôtres ces mots du Manifeste des intellectuels de Guadeloupe :
« Lier, allier, relayer, rallier  »
Une autre politique marquée par des choix de gauche est possible ; elle ne l’est qu’avec vous. Le Front de Gauche avance des propositions, contenues dans le programme « L’humain d’abord ». Ces propositions sont soumises à débat, critique, enrichissement et approfondissement.
Ensemble, faisons  sauter les étouffoirs d’avenir que sont les IDEX, la LRU, et autres AERES. Le Pacte pour la Recherche doit être abandonné,  l’ANR profondément transformée.
Ensemble, donnons du punch à la gauche; elle en a besoin.
Résistons, débattons, construisons ! Avec toutes celles et ceux déjà dans l’action, rendons impossible tout nouveau pas en avant de cette politique.
Ensemble, construisons  des choix neufs, de gauche, rendons-les incontournables. Rejoignez-nous.

Pour le Front de Gauche de l’ESR
Pierre Chantelot PG , Olivier Gebuhrer PCF, Bernard Jusserand SR,  Chantal Pacteau FASE , Patrice Perdereau PG
 
Fiche recherche scientifique

1-Principes

La recherche scientifique, en augmentant le niveau de savoir disponible pour tous, contribue à l’émancipation collective. Elle protège le citoyen des manipulations de ceux qui comptent sur l’ignorance pour imposer leurs lois ou vérités révélées (religieuses, sectaires ou capitalistes). Nous prônons l’indépendance de la recherche scientifique. Nous refusons que le productivisme en soit une finalité. Nous sommes intransigeants sur l’attention à porter aux effets du progrès technologique sur l’écosystème.

Le Parti de Gauche défend la recherche pour les rôles qui sont les siens:

  • la production du savoir académique lié à la compréhension du monde qui nous entoure, et sa mise à disposition sans condition à tous
  • la préservation et la dissémination d’une éthique de la transmission et du partage, indissociable de la notion de République,
  • l’innovation technologique et l’exploration de nouveaux domaines de connaissances sont nécessaires comme champs de recherche en propre mais aussi comme méthodologie nécessaire à la simple production de savoir.

Pour atteindre ce but, le PG prône l’indépendance la plus aboutie possible pour la recherche et refuse notamment tout détournement et ingérence, au profit de l’intérêt privé ou d’une idéologie religieuse ou politique. La communication entre la recherche et le pouvoir politique est indispensable au bon fonctionnement de la société et doit se faire dans le respect du rôle de chacun :

- la recherche reconnaît le rôle du politique qui est de gérer et organiser le cadre de la société. Dans ce cadre, la recherche est, au même titre que tout service public, un élément dont la société doit garantir l’indépendance sur le plan financier, matériel, humain et intellectuel. Nous reconnaissons la liberté de discuter et de transmettre tout résultats, y compris ceux qui contredisent l’état de la question ou entrent en conflit avec des intérêts économiques ou religieux. Seule la garantie de cette indépendance permettra à la recherche d’accomplir pleinement sa mission.

- le politique, en tant que créditeur de la recherche, attribue les financements et débat sur les programmes nationaux à développer, mais laisse les personnels scientifiques œuvrer librement avec les crédits qui sont les leurs. Le politique reconnaît à la recherche sa mission de production et de diffusion large et gratuite du savoir à la population. Mais il ne doit pas oublier la sienne qui est de donner à la société les moyens d’une recherche libre et ambitieuse, d’informer et de garantir la souveraineté du peuple sur le choix de l’industrialisation ou non d’un résultat de recherche. En d’autres termes, le passage d’un procédé technologique de la sphère de la recherche à la sphère de la société relève de l’aval des citoyens ou du parlement.

2-Constat

La loi dite de « liberté et responsabilités des universités » (LRU, 2007) dans le prolongement du « pacte pour la recherche » (2005) a confirmé le processus de déstructuration du service public d’enseignement supérieur et de recherche. La multiplication des structures administratives a aboli toute démocratie sociale. Les EPST (CNRS, INSERM, INRA…) n’ont plus la main sur leur politique scientifique. Les récentes initiatives en relation avec « le grand emprunt » (Equipex, Labex, Idex) marquent une nouvelle étape:

- le pouvoir est désormais concentré dans les mains du politique (Élysée et Matignon)

- les marges de manœuvres des universités sont soumises aux placements qu’y feront les acteurs économiques: le placement initial est fait par l’état qui se rembourse par la baisse des crédits récurrents.

Les quatre points cardinaux de la nouvelle gouvernance de la recherche sont en conflit avec sa mission historique:

Inégalité: entre territoires, étudiants, chercheurs et disciplines.

Avidité: les rémunérations additionnelles démentent la dimension collective et coopérative du travail de la communauté scientifique.

Bureaucratisme. les technostructures étouffent tout débat démocratique, l’évaluation  bibliométrique étouffe le débat scientifique

Subordination. la pression est forte pour mettre la recherche au seul service du capitalisme néo-libéral, que ce soit pour détourner moyens et compétences au profit du secteur marchand ou pour développer de nouveaux marchés ne répondant pas à un besoin de la société mais à ceux de l’oligarchie. Tout converge pour faciliter la privatisation des compétences et des moyens: ouverture des appels d’offres au privé, pôles de compétitivité, pression sur les unités de recherche, plateformes technologiques ouvertes aux industriels et financées en partie par les contrats de recherche obtenus à d’autres fins…Dans le même temps, Sanofi Aventis licencie 1500 chercheurs.

Le néo-libéralisme cherche à concentrer toutes les forces vives à son profit au détriment de l’intérêt général. Ainsi s’organise la fuite et la migration des cerveaux du sud vers le nord, puis vers les USA. Au niveau national, la concentration autour de quelques grands pôles est favorisée (pénurie de postes, pôles de compétitivité et autres IDEX…). Enfin, les secteurs financiers drainent les meilleurs étudiants sans qu’il ne soit opposée de vraie résistance par les pouvoirs publics: dévalorisation intellectuelle et financière des carrières scientifiques et technologiques, absence d’une vision positive et humaniste de la science dans le débat public, pauvreté de son enseignement initial. Il y a urgence à engager une réflexion, par exemple sous la forme d’Etats Généraux, sur les métiers de la recherche et les chemins y conduisant sous peine de voir disparaître notre potentiel scientifique et technologique.

L’atomisation du service public d’enseignement supérieur et de  recherche, la mise à l’écart d’équipes, de laboratoires ou d’établissements, l’augmentation de la précarité s’amplifient. La mise en concurrence est partout. Dans les établissements et les organismes, les conditions de travail des personnels s’aggravent. Le nombre de jeunes recrutés sur CDD pour une durée cumulée de 6 ans maximum et qui n’auront jamais le statut de titulaire est une bombe à retardement. La part des femmes recrutées est en baisse depuis 2002. La pénurie de chercheurs titulaires et de financements récurrents favorise la recherche à court terme et détourne du long terme pourtant indispensable. La qualité de la recherche en pâtit.

3-Propositions

La situation actuelle découle du traité de Maastricht (1992) et des 3 déclarations de Paris, de Bologne et de Lisbonne (1998-1999-2000). Il est nécessaire de sortir de ces initiatives européennes libérales. Nous abrogerons la loi LRU et le Pacte pour la Recherche et supprimerons le Crédit Impôt Recherche et les technostructures (Alliances, Instituts…) conçues pour détourner ressources et compétences vers le secteur privé. Nous nationaliserons ou supprimerons les « fondations LRU ».

 

Le statut de fonctionnaire d’état redeviendra la référence pour les métiers de la recherche, pour garantir son indépendance, prévenir les conflits d’intérêt, et améliorer l’efficacité des laboratoires et la pérennité des disciplines.

Nous proposerons d’autres mesures fortes pour la recherche visant à en rétablir l’indépendance et la qualité sur la base de laboratoires mixtes universités-EPST:

- instances: revenir à une démocratie sociale exemplaire, rendre le pouvoir aux instances représentatives, leur confier pleinement la mission de l’évaluation qui sera scientifique et non bibliométrique et en proposer un règlement à ses membres, y imposer la participation dans la mission de tous les agents (par exemple désignés par tirage au sort aux cotés des autres collèges élus ou nommés)

- indépendance: refonder les partenariats sur la base de la collaboration et non de la subordination, replacer les laboratoires sous la responsabilité des instances de leurs tutelles respectives,  remplacer les PRES par des structures démocratiques et coopératives,

autorité et exemplarité: rendre aux organismes le contrôle sur leurs stratégie et personnels, rendre son rôle primordial au CNRS, fleuron historique de la recherche française, réévaluer la mission de l’INRA à la lumière de la crise agrosanitaire, impliquer l’INSERM pour prévenir les abus du capitalisme du médicament

- financement : augmenter le budget public civil (3% du PIB) et les dotations récurrentes, dont une part serait votée à l’assemblée nationale après débat (par exemple 40% de crédits fléchés, 60% en crédits récurrents), en faire une fonction positive de l’effectif des titulaires et négative de l’effectif des précaires, imposer la redistribution d’une quote-part des financements non récurrents et/ou non institutionnels d’une équipe vers la tutelle et le laboratoire hôte, remplacer le crédit impôt recherche par un crédit d’impôt flottant basé sur la valeur ajoutée

métiers : augmenter le nombre de postes ouverts, ne garder qu’un corps de chercheurs ou d’ITA avec possibilité d’avancement accéléré, rattraper le retard salarial accumulé, envisager une grille unique des traitements dans les EPST, les universités et les EPIC, prendre en compte les années de doctorat et post-doctorat pour la retraite, interdire les suppléments de rémunération prélevés sur les contrats, exiger des cadres dirigeants du privé l’obtention d’un doctorat (y compris en sciences humaines)

organisation : construire et proposer par des Etats Généraux les modalités pour une intégration aux EPST de certains EPIC dont la mission en bénéficierait (certains départements du CEA, INA, musée nationaux…), explorer lors de ces Etats Généraux le bien-fondé du regroupement de certains EPST par discipline

Nous rendrons la parole au citoyen ou à ses à représentants :

- organiser le contrôle scientifique et démocratique des fonds utilisés par la recherche industrielle par la création d’une Agence d’Évaluation de la Recherche des Entreprises Subventionnées (AERES) dont les membres seraient libres de toute relation avec la recherche industrielle.

- organiser un effort de formation vers le citoyen (conférences publiques en continu, enseignement primaire et secondaire, TV de la science (pour adultes et enfants). L’histoire des sciences et des techniques devrait faire partie de l’éducation de tous les futurs citoyens car les idées scientifiques ont une dynamique particulière qu’il convient de connaître pour entraîner la société en avant.

Toute nouvelle approche technologique devra dès le début faire l’objet d’études visant à évaluer son impact potentiel sur la société civile ou la santé des individus. Nous créerons le Haut Conseil de la Recherche (scientifique et technologique) constitué de chercheurs, d’universitaires, d’étudiants, de représentants syndicaux, d’ONG, d’élus locaux et nationaux. Le HCR aura un droit d’autosaisine. Il organisera de vrais débats contradictoires sur les grands programmes technologiques et les secteurs d’avenir qui devront être choisis en fonction des besoins de la société et non du marché. Il participera au débat permettant le contrôle de l’industrialisation des résultats de recherche par le peuple ou le parlement. Cette agence contribuera aussi à coordonner la recherche française avec la recherche mondiale sur des thèmes tel que le climat avec le GIEC ou les énergies renouvelables. Pour que ces recherches évoluent, il est primordial de les sortir du secteur privé et d’encourager la coopération.

4- Évolutions de la recherche pour faire face aux évolutions actuelles et proposer sa contribution à un changement de société

Laïcité technologique :

La recherche jouera son rôle dans la prise de conscience héritée des travaux de l’écologie politique, qui a pour objet l’ensemble des relations entretenues par l’individu avec autrui et avec son l’environnement naturel et artificiel. Dans ce but elle participera à l’instauration d’une « laïcité technologique ». Celle-ci conduira petit à petit les citoyens à décider eux-mêmes et démocratiquement s’ils autorisent ou non le transfert d’une technologie produite en laboratoire (« sphère de la recherche ») vers son industrialisation, sa commercialisation et sa dissémination (« sphère de la société »). Dans la mise en place concrète de cette laïcité technologique, les personnels scientifiques se mettent à la disposition de Conseils Scientifiques Citoyens (CSC) au sein desquels ils formeront des citoyens sous mandat. Ces CSC pourront ainsi légiférer sur les différentes technologies pour les autoriser, ou non, à entrer dans la « sphère de la société ».

Dans le cadre de cette laïcité technologique, la sphère de la recherche est libre d’utiliser les technologies qu’elle juge nécessaires pour poursuivre sa mission mais sans jamais les utiliser en dehors de ses finalités de production du savoir et dans les limites de la sécurité et des lois de bioéthique spécifiques à la « sphère de la recherche ».

Statut de la connaissance et ouvertures des compétences :

Les nouvelles technologies numériques ont permis de créer des réseaux d’échanges et de production du savoir, inimaginables il y a encore 10 ans. Dans le cadre de ce développement révolutionnaire, nombre de citoyens se retrouvent en capacité d’échanger et de participer à la production du savoir ou à la recherche technologique. Cette révolution démocratique ne doit pas instaurer une coupure entre citoyens initiés ou non. Aussi nous doterons les personnels de la recherche scientifique d’une nouvelle mission : mettre à disposition leurs compétences, dialoguer, échanger et collaborer avec toutes les personnes que l’expérience et la qualification (avec ou sans diplômes) ont rendu aptes à participer à la production du savoir ou à la recherche de solutions technologiques.

Pour cela, le statut de la connaissance ne peut qu’être « libre ». A partir du moment où elles sont validées par les pairs et publiées, les découvertes de la recherche seront placées sous statut « contaminant », relèveront automatiquement du domaine public et seront libre d’accès. Nous reconnaissons la légitimité et l’importance de la protection industrielle mais le dépôt de brevet sera supprimé des prérogatives de la recherche scientifique publique.

Commission Enseign. Supérieur & Recherche du Parti de Gauche :

http://esr.lepartidegauche.fr/

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