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ESPE PARIS MOBILISÉ
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30 novembre 2012

Formation des enseignants : un dossier en « retard » ?

Voici le contenu de deux dépêches de l'AEF, en date du 23 novembre. 

Dans la première, on apprend que les syndicats d'enseignants, dans leur ensemble (à l'exception du SNEP et du SNESUP, qui ont été apparemment ignorés) approuve le document de travail du MESR du 14 novembre, 

http://grfde.eklablog.com/information-exclusive-les-projets-du-mesr-pour-les-espe-a59375481

pourtant éminemment discutable. Plus encore, ils semblent vouloir accélérer le rythme de cette réforme. 

Ce qui se joue avec le statut des ÉSPÉ est décisif pour la FDE dans les années à venir. Or, les acteurs ne sont pas consultés et ce document de travail du MESR conduit à traiter la question du statut des ÉSPÉ avant de régler celle des missions de ces écoles et avant d'arrêter les principes qui devraient gouverner la FDE réformée. Hélas, une fois que l'outil institutionnel sera là, il n'y aura plus guère de marge de manoeuvre pour agir sur le contenu et les modalités de la FDE. C'est à se demander si cette vision technique du problème et de sa solution n'est pas une manière d'enterrer le dossier, c'est-à-dire, finalement une manière d'acter la réforme Darcos.

Au lieu de se précipiter ainsi, il faudrait au contraire prendre le temps de réfléchir, évaluer, consulter les formateurs... Cette réforme dessinera le paysage pour les 10 prochaines années ! La rater, ce serait compromettre la refondation de l'école.

Dans la seconde dépêche, AEF résume les déclarations sur la réforme en cours de JM Jolion, chef de service à la DGESIP, qui est certainement l'un des auteurs, sinon le principal, du document du 14 novembre évoqué ci-dessus.

Bien cordialement, 

AO

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Formation des enseignants : un dossier en « retard » ?

 

 

Le SE-Unsa publie une note sur son site internet intitulée « Réforme de la formation : on prend du retard… », le 22 novembre 2012. Le syndicat fait savoir que les principes posés dans le document du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche « ne prêtent pas à débat » (AEF n°174968) mais que « tout va maintenant se jouer dans la déclinaison pratique de ces principes ». Pour le SE-Unsa, « il est urgent de rentrer dans le vif du sujet. » Contactés par AEF, le 23 novembre 2012, Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, son homologue au Snuipp-FSU, Sébastien Sihr, et Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT, partagent ce point de vue. Le ministère de l'Éducation nationale indique de son côté à AEF, qu'il n'y a « pas du tout de retard » sur ce dossier. « Nous sommes dans une phase de travail » avec le MESR », souligne-t-il précisant que « toutes les instances seront consultées ».

« Plusieurs éléments fondateurs sont en cours d'élaboration : les référentiels de métiers et de compétences » pour tous les « différents métiers » (PE, documentalistes, CPE, les différentes disciplines des Capes, Capet et CAPLP), « le dispositif d'accréditation », et « un schéma-type de la formation » dans lequel sera détaillée la préparation aux concours et la formation dans les masters de l'enseignement par semestre « avec une modularité des parcours ». Les Espé vont être crées par la loi d'orientation, rappelle le ministère et le processus d'accréditation, sur lequel travaillent les deux ministères, « va créer les établissements et habiliter les formations », « c'est un processus complet ».

Le ministère avait indiqué à AEF le 17 octobre dernier que le référentiel métier serait prêt à la mi-novembre (AEF n°173325).

LES RYTHMES SCOLAIRES À L'ORIGINE DU « RETARD » ?

« La question des rythmes occupe beaucoup de temps et de communication », note Frédérique Rolet. Sébastien Sihr la rejoint sur ce point : « Le sujet 'rythmes scolaires' focalise l'attention mais ce n'est pas le sujet le plus déterminant pour la réussite des élèves et le plus attendu par ceux qui font l'école ». « La question des rythmes scolaires n'a pas empêché le ministère de l'Éducation nationale de travailler », répond le MEN. Dans tous les cas, pour le Snuipp-FSU « sur ce sujet là, il ne peut pas y avoir de report ».

Pour le Snes-FSU, les « incertitudes sur la capacité à assurer le volume de recrutements annoncés » ne sont pas étrangères à ce « retard ». « Les universitaires sont extrêmement inquiets au sujet du concours 2013-2 [transitoire]. Ils disent être mis devant le fait accompli. »

« Il y a des explications multiples » à ce « retard », estime de son côté Thierry Cadart. « Le fait qu'on ait cette coupure, ces deux ministères différents [Éducation nationale et Enseignement supérieur et de la Recherche], créé des approches différentes : une approche universitaire et une approche plutôt orientée vers les attentes de l'employeur. » 

LA CRÉATION DES ESPÉ « TRIBUTAIRE DE L'AVANCEMENT DE LA LOI »

Il rappelle par ailleurs que la création des Espé « est tributaire de l'avancement de la loi d'orientation », qui sera finalement présentée en janvier 2013 et non à la mi-décembre comme cela avait annoncé par le ministre initialement (AEF n°174761). Frédérique Rolet avance également cette analyse.

Mais au-delà de cette institutionnalisation par la loi d'orientation, pour Thierry Cadart, « il y a un travail à faire sur le type de formation et de masters qui seront proposés et l'organisation des flux d'étudiants ». « De ce point de vue-là, il y a un manque d'anticipation » et « il devient très urgent de bâtir des solutions qui soient cohérentes ». En évoquant le travail animé côté MESRpar Jean-Michel Jolion, chef du service de la stratégie de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle à la Dgesip, (AEF n°174968), Thierry Cadart croit savoir que le MESR « attend des réponses du 'sco' sur le parcours des étudiants qui auraient réussi [les concours] ».

Pour Hubert Raguin, secrétaire général de la Fnec-FP-FO, ce « retard » est lié « à la complexité du sujet et à la difficulté d'élaborer un cadre cohérent pour les Espé ». « Ça n'a échappé à personne que le ministre a dit qu'il faudrait modifier les Espé l'année suivante », relève-t-il. (AEF n°174656). « Les écoles supérieures du professorat et de l'éducation doivent impérativement ouvrir en septembre 2013 même s'il faudra sans doute les améliorer en 2014 », avait déclaré Vincent Peillon à Lille, le 15 novembre dernier. Le ministre avait en outre ajouté : « Dès que j'aurai fini la loi [d'orientation sur l'école], je me consacrerai à fond à la formation des enseignants. »

LES DISCUSSIONS ATTENDUES PAR LES SYNDICATS

Le SE-Unsa « exige du ministère qu'il fasse très rapidement des propositions de contenus et d'organisation ». Le Snuipp-FSU demande la mise en place d'un groupe de travail sur ce dossier, comme il était déjà prévu d'en ouvrir après la Toussaint (AEF n°173988). 

Les différents syndicats cités listent notamment parmi les sujets qui doivent être abordés rapidement avec le ministère : le cahier des charges national de la formation et le contenu des concours rénovés.Le SE-Unsa et le Snuipp-FSU soulèvent également la question de « la couverture géographique des Écoles supérieures ». « Quel apport en formateurs ? », demande le Sgen-CFDT, appuyé par Frédérique Rolet qui se demande où et comment va-t-on trouver « tous les personnels » pour former les futurs enseignants, à savoir « enseignants-chercheurs, maîtres-formateurs, enseignants en temps partagé dans le second degré ».

Le SE-Unsa souhaite de son côté que soit créée « une certification de formateur dans le second degré avec décharge de service et indemnité ». Le syndicat avait déjà demandé une « mise à jour » des fonctions et missions des conseillers pédagogiques du premier degré (AEF n°174573).

LE M1 AUX UNIVERSITÉS, LE M2 AUX ESPÉ ?

« Le danger de l'Espé pourrait être de ne se préoccuper que du M2, laissant à l'université le soin de définir celui du M1 », redoute le SE-Unsa, une proposition qui irait « à l'encontre d'une formation intégrée ». « L'Espé devra aussi se préoccuper des modules de préprofessionnalisation et des pré-recrutements que nous revendiquons dès la licence. » 

Daniel Filâtre, conseiller premier cycle, formation des enseignants, orientation et insertion de Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche avait indiqué lors d'un colloque fin octobre que « de grandes discussions » étaient « en cours entre les deux ministères pour une réforme de la licence » dans le cadre de la réforme de la formation des enseignants (AEF n°173367). Parallèlement un groupe du travail du Sénat effectue des auditions sur la question du pré-recrutement des enseignants (AEF n°173722).

 

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Formation des enseignants : confier la maîtrise d'ouvrage aux Espé revient à « un changement de philosophie » (Jean-Michel Jolion)« Dans l'enseignement supérieur, il y a beaucoup de maîtres d'œuvre et peu de maîtrises d'ouvrage », à la différence des « grandes écoles » qui « jouent leur rôle de maître d'ouvrage », déclare Jean-Michel Jolion, chef du service de la stratégie de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle à la Dgesip (ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche), lors de son audition par le groupe de travail du Sénat sur le prérecrutement, le 20 novembre 2012 (AEF n°173722). « À l'université, la règle consiste à passer par un dialogue de gestion mais l'État ne passe pas de commande en matière de formation », rappelle-t-il. Avec les Espé (Écoles supérieures du professorat et de l'éducation), « c'est un changement de philosophie, car l'État passe commande » et l'Espé « va aller chercher les meilleurs maîtres d'œuvres » parmi « les services communs, les UFR ». « Pour l'État, le responsable c'est l'Espé », insiste-t-il.

Plusieurs documents de travail ministériels insistent sur le fait que les futures écoles auront la « maîtrise d'œuvre d'une politique de formation des enseignants » (AEF n°174968 et AEF n°173486).

Jean-Michel Jolion soutient par ailleurs qu' « il n'y aura pas de formation des enseignants dans toutes les universités, dans toutes les disciplines. » « Mais c'est déjà le cas. On raisonne par site. Cela ne sert à rien que les 30 et quelques académies proposent de la formation dans toutes les disciplines, il vaut mieux permettre aux étudiants d'avoir un accompagnement social », leur permettre d'aller suivre une formation sur un autre site ; « que proposer partout de la formation », explique-t-il. En revanche, « pour les professeurs des écoles, ça sera partout ».

DES MODULES DE SENSIBILISATION

Plus largement au sujet de la formation des enseignants, Jean-Michel Jolion indique qu' « on est sur un métier qui peut absorber 30 % des diplômés donc on peut envisager une filière professionnelle ». Daniel Filâtre, conseiller premier cycle, formation des enseignants, orientation et insertion de la ministre de l'Enseignement supérieure, avait indiqué que « de grandes discussions [étaient] en cours entre les deux ministères pour une réforme de la licence » (AEF n°173367).

« Il est prévu qu'il y ait des modules de sensibilisation ou de découverte dans les universités », pour les emplois d'avenir professeur, fait savoir de son côté Jean-Michel Jolion. Mais pour lui, il ne faut pas « tomber dans les prérequis » et « dans la sélection ». Il insiste sur le fait que les emplois d'avenir professeur ne sont « pas de véritables prérecrutements car ces jeunes devront passer le concours » et par ailleurs « il n'y a pas pour l'instant de mesures proposées de prérecrutement sur le métier enseignant ». Si mesure de prérecrutement il doit y avoir, « elle doit venir de l'employeur », estime-t-il, « nous [le MESR], on peut travailler en amont ».

SUPPRIMER LES CONCOURS ?

Interrogé par la sénatrice Françoise Laborde (RDSE, Haute-Garonne) sur la possibilité de supprimer ou d'aménager les épreuves des emplois d'avenir, Jean-Michel Jolion estime qu' « on peut imaginer plusieurs concours lorsqu'on a différentes catégories [de concours]. Il existe déjà des concours [différents] pour l'enseignement public et l'enseignement privé. Mais concernant la suppression des concours, par rapport à notre conception de l'emploi public, ça pose problème ».

Sur les épreuves des concours rénovés (2014) ouverts aux étudiants de master 1, il considère qu' « on peut imaginer que le contenu professionnel dans le concours ne soit pas le même » selon le degré et la filière auxquels se destinent les candidats. « On garde le principe que le concours est libre, il n'est pas réservé aux étudiants qui ont fait le master métier de l'enseignement », précise-t-il en indiquant que « si un jeune a un master différent et qu'il obtient le concours il aura un an à faire comme fonctionnaire-stagiaire » et il aura « accès à une formation ».

Colette Mélot, sénatrice UMP de Seine-et-Marne, s'interroge sur le devenir de l'agrégation. « Pour l'instant, elle n'est pas touchée » par la réforme. Elle sera repensée « par palier », pour aller vers « un nouveau métier » peut-être orienté vers le « bac-3/bac+3 » (lycée/enseignement supérieur). Jean-Michel Jolion considère cet aspect comme « moins urgent ».

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