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22 janvier 2014

Aquitaine : « l'Espé est considérée comme un enjeu de pouvoir, pas comme un objet de formation » (M. Jaubert)

Dans les statuts de la nouvelle université de Bordeaux, l'Espé, « qui aurait dû être considérée comme un collège, a finalement été rétrogradée au niveau d'une UFR », dénonce Martine Jaubert, administratrice provisoire de l'Espé de Bordeaux. Cela est révélateur du fait que « l'Espé est un enjeu de pouvoir et de moyens, non un objet de formation. » Elle s'exprime à l'occasion d'auditions rdevant la mission d'information du Sénat sur les Espé, mardi 14 janvier 2014. Elle fait également part de difficultés à mettre en place certains aspects de la réforme, en particulier le tronc commun entre les masters MEEF préparant au 1er et 2nd degrés. L'Espé Aquitaine connaît une situation particulière avec l'élection par le conseil d'école d'un candidat extérieur à l'académie, ce qui a suscité des démissions en chaîne en interne. Cela dans un contexte de fusion universitaire (1). 

« Je pense qu'avec ma présidente, nous sommes d'accord pour demander l'audition du président de l'université intégratrice de l'Espé (Bordeaux-IV) et celle du recteur de Bordeaux » afin d'avoir leur vision de la situation de l'Espé dans cette académie. C'est ainsi que Jacques-Bernard Magner (PS, Puy-de-Dôme), rapporteur de la mission d'information du Sénat sur les Espé, réagit aux auditions de plusieurs responsables de l'Espé de Bordeaux, mardi 14 janvier 2014. Interrogé le 19 décembre dernier, le recteur de Bordeaux, Olivier Dugrip, convenait qu'il « existe incontestablement des difficultés dans ce dossier et que le cas aquitain est singulier du fait du choix du conseil d'école d'un candidat pour la direction extérieur à l'Espé et de la mise en place en parallèle de l'université fusionnée de Bordeaux, dont le président n'est pas encore élu » [il le sera vendredi 17 janvier]. « Cela fait beaucoup d'éléments d'incertitude », concluait-il tout en précisant que « la ligne commune reste la mise en oeuvre du dossier d'accréditation ». 

L'ESPÉ N'EST « PAS CONSIDÉRÉE COMME UN OBJET DE FORMATION »

Auparavant, Martine Jaubert, administratrice provisoire de l'Espé, a fait part de sa vision des choses à Bordeaux. Elle dénonce notamment « les statuts de l'université de Bordeaux, dans lesquels l'Espé, qui aurait dû être considérée comme un collège, a finalement été rétrogradée au niveau d'une UFR. » Cela est révélateur de « l'importance réellement accordée à l'Espé », observe-t-elle. Sur son blog, Yannick Lung, président de Bordeaux-IV, regrettait fin novembre des « malentendus » quant au positionnement de l'Espé. Il indiquait « qu'une proposition de modification des statuts sera faite » afin de placer « les composantes à statut spécifique, l'Espé et les IUT dans un chapitre distinct ». Mais dans les statuts de la nouvelle université accessibles sur son site, l'Espé reste inscrite dans le chapitre des unités opérationnelles et non des collèges (1). 

Elle décrit également comment « le rattachement de l'Espé à la Comue » a failli être supprimé des statuts de l'Espé, alors que les universités de Bordeaux-III et l'UPPA avaient précisément conditionné leur vote en faveur du projet de l'Espé, à ce rattachement. Finalement, cette disposition a été rajoutée aux statuts « à la dernière minute ». Pour Martine Jaubert, la suppression de cette disposition aurait constituée « une déclaration de guerre » à Bordeaux-III et l'UPPA. Au final, conclut-elle, « l'Espé est un enjeu de pouvoir et de moyens, elle est peu considérée comme un objet de formation. » 

Un enjeu de moyens, selon elle, puisque « les postes de 3 collègues de l'IUFM ayant utilisé leur droit d'option [pour rejoindre un UFR] ont été supprimés, ce qui ne correspond ni à la lettre, ni à l'esprit de la lettre de la Dgesip envoyée aux présidents d'universités », insiste Martine Jaubert. D'après ce courrier, « le droit d'option [des personnels des anciens IUFM] doit être analysé comme relevant d'un droit à la mobilité des personnels et non pas comme un transfert d'emploi », autrement dit, « cela ne doit pas entraîner une suppression des postes dans l'Espé ». Sur ce point précis, observe Martine Jaubert, « le recteur a essayé de [les] aider », mais « peut-il vraiment faire quelque chose dans le cadre de l'autonomie des universités ? », s'interroge-t-elle. 

De leur côté, les personnels et étudiants de l'Espé manifesteront vendredi 17 janvier, sur le campus bordelais de Talence, pendant le CA de l'université de Bordeaux qui doit élire son président et voter le budget 2014, annonce la FSU. Ils dénoncent « la suppression de 15 postes affectés antérieurement à l'Espé ainsi que la baisse de 13 % du budget de l'école » et réclament « une Espé de plein exercice ».

TRONC COMMUN : DES COURS EN LYCÉE, FAUTE DE PLACE

Au-delà des questions de gouvernance, l'Espé de Bordeaux rencontre des difficultés pour mettre en place certains aspects de la réforme. Martine Jaubert évoque ainsi « la difficulté d'échanger » avec les étudiants de l'Espé et l'obligation de déployer « des trésors d'inventivité pour leur faire passer des documents ». En cause, l'absence d'inscription dans l'Espé, « même secondaire. Tout se fait au niveau des UFR, ce qui interroge aussi sur l'identité de l'école ». 

Martine Jaubert fait part aussi des difficultés à mettre en place le tronc commun entre les masters MEEF préparant au 1er et 2nd degrés, considéré pourtant comme « une priorité de la réforme ». « Mais pour de nombreux collègues universitaires, la création d'une culture commune est quelque chose d'exotique. Ils n'en voient pas du tout l'intérêt », regrette-t-elle. De son côté, Bérénice Piault, étudiante à l'Espé et élue au conseil d'école, fait part devant la mission d'information du Sénat des « grandes difficultés » que soulève ce tronc commun : « les étudiants sont obligés de se déplacer énormément dans une même journée, entre les différents sites. » Certes, certains cours sont proposés en visio-conférence, admet-elle, mais « cela limite les questions et les échanges avec les enseignants ». Martine Jaubert explique quant à elle que l'Espé « n'a aucun amphithéâtre dédié au tronc commun » et doit « chaque semaine en trouver un, parfois même dans les lycées. » 

PAS DE PARCOURS PHILOSOPHIE DANS L'ESPÉ

Enfin, Martine Jaubert regrette aussi « la difficulté des collègues universitaires à comprendre le nouveau modèle de formation ». Elle mentionne en particulier l'absence de parcours « philosophie » dans l'Espé pour les étudiants qui souhaiteraient passer les concours dans cette discipline. Ces derniers « restent formés dans le parcours d'un master recherche » et ne bénéficieront que de « 15 jours d'observation en classe. »

(1) Cette fusion, effective depuis le 1er janvier 2014, a concerné trois des quatre universités bordelaises : Bordeaux-I, Bordeaux-Segalen, Bordeaux-IV.

(1) La Nouvelle université de Bordeaux est organisée en trois niveaux : le niveau central, le niveau intermédiaire (collèges de formation et départements de recherche, dotés de certains pouvoirs et en dialogue de gestion avec l'échelon central), et enfin l'échelon opérationnel (unités de formation, IUT, Espé, unités de recherche).

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